Extrait du livre (p.46-48) « Job pour rien » d’Alphone Maillot,
Edition Les Bergers et les Mages 2003, collection Parole Vive
A lire dans la Bible : Job 3.1
Vous vous demandez certainement quel est le lien entre Job et Noël ? L’auteur mentionne un tout petit verset du livre de Job au chapitre 3 verset 1. Terrible verset que je vous invite à lire ainsi que les suivants, mais l’auteur nous explique ce que nous pouvons en tirer.
Stéphane, l’aumônier
« …J’ai passé l’âge où l’on se scandalise du paganisme de Noël où l’on est furieux de voir un Jésus trôner dans une épicerie ou vous proposer des parapluies. J’ai passé l’âge où l’on enrage de voir les grands magasins remplacer les églises et les places publiques se métamorphoser en forêts scandinaves. Est-ce par habitude ? Non, mais en vieillissant, on comprend mieux que le Christ, né dans une étable, puisse bien désormais se retrouver chez le charcutier et que les hôteliers, après l’avoir rejeté à toujours, puissent désormais, par une sorte de justice ironique, s’enrichir à Noël. Ce n’est pas sans un certain humour, teinté de tendresse, que je vois ce monde vendre, acheter, compter et recompter au moment de fêter l’anniversaire de Celui qui donne sans compter mais naît le jour d’un compte mégalomane. Et ce n’est pas sans une vraie tendresse, teintée d’ironie, que je les vois, acheteurs ou vendeurs, essayer d’être heureux ce jour-là, que je les vois essayer de rendre heureux les autres, et inconsciemment témoigner de l’évènement de Noël, inconsciemment témoigner du Royaume des cieux… ».
« …Oui,- il fallait prendre ce terrible passage de Job. Il le fallait parce qu’une vie humaine, c’est aussi cela : une malédiction sans fin, et surtout parce que Noël, c’est aussi cela : le Fils de Dieu venant réellement vivre cette vie et cette malédiction sans fin. Il le fallait, parce que la joie de Noël, c’est cela et rien que cela : le fils de Dieu venu nous prendre cette malédiction sans fin et nous en délivrer. Mais pour nous réjouir, encore devons-nous savoir de quoi nous sommes délivrés… Job nous le dit bien : « de notre naissance et de notre conception : DE NOTRE VIE ! »… n’est-ce pas parce qu’un jour (un seul suffit) de votre vie, vous avez vous aussi tenu le langage de Job, n’est-ce pas parce qu’un jour, vous aussi, vous avez maudit ce jour ? N’est-ce pas parce qu’un jour, vous aussi, vous avez été fatigués de vivre et que vous avez souhaités, ne serait-ce que le temps d’un éclair, de n’avoir jamais été mis au monde ?… Eh bien ! C’est de cela que Noël nous délivre : du néant, de l’absurde, de l’inutile, de l’angoisse et du désespoir. Et c’est bien pourquoi Noël n’est pas une petite « fé-fête » de famille, attendrissante et vite fanée, mais une fête royale, gigantesque, cosmique ! C’est que, tout d’abord, le fils de Dieu vient vivre ma naissance et assumer ma vie, la vraie, celle qui m’effraie, m’épouvante, m’inquiète et me tourmente, cette vie avec sa mort menaçante, son avenir incertain, ses culpabilités sournoises, son absurdité évidente, son néant gigantesque. Cette vie, il la prend vraiment. La preuve en est dans la fameuse étable, qui, hélas… ne prouve souvent plus rien tant elle est arrangée, tant les hommes ont voulu négliger devant elle la détresse de leur condition et oublier qu’ils sortaient du fumier pour retourner au fumier. Il n’empêche que le Christ est né dans une véritable étable, qu’il a assumé notre condition jusqu’au bout, jusqu’à l’étable de la saleté et du désespoir. Dès lors, notre naissance et notre vie ne sont plus seulement naissance et vie d’homme, mais d’un fils, d’une fille de Dieu. Dès lors, mais dès lors seulement, tout, absolument tout, prend un sens ».
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