On a commencé l’année 2020 avec la COVID 19. Une période annoncée difficile mais, à mon avis, très bien gérée par l’équipe du Foyer André. Vu la tournure des évènements: notamment les décisions de la Suisse sous la houlette du Conseil fédéral qui, comme le dit si bien swissinfo.ch, “Le 16 mars 2020, réagi à la pandémie naissante en décrétant l’état d’urgence sanitaire le plus élevé, celui de « situation extraordinaire », plaçant le pays en semi-confinement dès le lendemain à minuit. Le Conseil fédéral interdisait tous les évènements privés et publics, et fermait les restaurants, les bars, les lieux de culture et les magasins, à l’exception de la distribution alimentaire et des pharmacies.”  https://www.swissinfo.ch/fre/societe/la-suisse-en-mode-covid-19/46452594

Suite à la prise de position du Conseil fédéral, la direction a décidé de confiner le Foyer avec un protocole très précis. La tournure des évènements a poussé le directeur à instaurer le nouveau palliatif au THC: le CBD. Personnellement, je trouve la prise de position culottée, mais très intéressante et c’est ce que nous allons voir dans les interviews suivantes.

Personnellement je suis aussi dans une démarche d’abstinence avec le THC. Mais moi, je n’ai pas choisi la solution “CBD”. Je trouve beaucoup plus simple de tout arrêter d’un coup, car si je “consomme” du CBD, tous les rituels sont les mêmes: le contexte, l’odeur, le mélange des substances, le mot “joint” ne change pas…

 

Mais, allons questionner d’autres personnes dans l’institution:

 

Entretien avec la direction

Quelle est le but de la démarche ?

L’arrivée du virus COVID et du confinement a été le commencement de cette démarche. J’ai supposé que la plupart des résidents aurait alors un problème d’approvisionnement de cannabis qui aurait engendré des fugues avec une prise de risque d’amener le COVID dans l’institution. Pour éviter ces escapades, le but a été de créer une zone de sécurité pour permettre à tous les résidents de vivre normalement dans cette zone en instaurant un palliatif au THC, soit, du coup, le CBD.

Au niveau éthique, quel est votre raisonnement ?

Ce que je voulais pour les résidents, c’est qu’ils puissent garder le lien social dans le cadre de

l’institution comme pour créer une microsociété en autarcie. Tout devait changer et être

réinventé dans l’institution. Le but du CBD était de permettre le même type de lien social que

celui que les résidents pouvaient vivre avec le THC.

C’est que plus tard que nous avons observé des fruits en lien avec l’abstinence de produits illicites. Depuis cette proposition, certains résidents ont gardé le CBD et diminué leur consommation de THC.

Entretien avec un ASE

Comment avez-vous vécu cette nouvelle règle ?

Au début on a été très surpris, même au niveau éthique. Dans le contexte il ne faut pas oublier que chaque personne est différente et a besoin de soins

psychologiques appropriés… En tant que produit de substitution il faut prendre en compte que la prise en charge est individuelle. Il ne faut pas oublier que si le résident consomme du THC il sera privé d’une prise en charge CBD.

Aujourd’hui ça a du sens pour certaines personnes et pour d’autres plus du tout. En tant que professionnel je ne fais pas forcément la différence entre le CBD et le THC et cela me pose souvent des problèmes.

En tant que soignant je propose au patient demandeur de CBD s’il n’a pas besoin     d’une réserve médicamenteuse avant.

Entretien avec un résident

Comment as-tu vécu la démarche du FA d’introduire le CBD ? Qu’est-ce qui a fait que tu restes au CBD et ne retournes pas au THC ?

Au début, j’ai vu qu’il n’y avait plus d’autres choses que le CBD dans la maison et du coup, la force des choses a fait que je me suis dit que le CBD était meilleur pour moi et je vois que ça me convient mieux. Avec le THC, j’étais endormi et sur une autre planète, tandis qu’avec le CBD, j’ai retrouvé une vie sociale.

Je remercie les intervenants, professionnels et résidents.

 Kessiat

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